CINEMA
ARTICLE 14
Timothée Chalamet : une bouille d'ange à Hollywood
Novembre 2019 - Kenza D.
Des seconds rôles aux tapis rouges, le coup de coeur d'Hollywood a su charmer l'industrie du cinéma à l'international. À bientôt 24 ans l'acteur franco-américain a tourné avec les plus grands.
Comment expliquer ça ? Seul son talent le peut...
Tout destinait Timothée Chalamet à un grand avenir dans le cinéma, et ça n'a pas échappé. Issu d'une famille d'artiste avec une mère actrice et danseuse à Broadway, une soeur comédienne à Paris, le jeune homme a étudié au lycée public LaGuardia pour jeunes artistes à New York.
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Après avoir enchaîné quelques seconds rôles, l'acteur s'est fait connaître à 22 ans avec le film Call me by your name par Luca Guadagnino. L'histoire se passe en Italie, il joue le rôle d'Elio, un jeune homme de 17 ans au coeur tendre passionné de lecture et de musique qui tombe sous le charme d'un étudiant américain. La sensibilité de l'histoire qui prône la tolérance mais surtout de Timothée Chalamet a boulversé le public et lui a permis une nomination aux Oscars pour le meilleur acteur. Un réel engouement se créé autour de son talent.
Suite à ce franc succès, notre Timmy Tim adoré a su choisir des rôles incarnant à chaque fois un jeune homme irrésistible ne laissant pas les fans indifférents.
Après avoir joué dans Hot Summer Nights, Lady Bird, My Beautiful Boy, The King et j'en passe, l'acteur a marqué le cinéma à jamais.
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On pourrait croire que le cinéma n'a plus aucun secret pour lui et qu'il choisit ses rôles à la perfection, mais même les meilleurs se trompent.
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En 2019, un drama se créé autour de notre petit protégé. En plein durant le mouvement Me Too suite à l'affaire Weinstein, le jeune acteur apparait sur l'affiche du prochain film de Woody Allen (A rainy day) accusé d'agressions sexuelles par son ancienne fille adoptive Dylan Farrow.
Rudement critiqué, l'acteur regrette son manque d'engagement et se rattrape en faisant don de son salaire du film à 3 organismes : Time's Up (association pour venir en aides aux victimes de harcèlements et agressions sexuelles), centre LGBT de New York et Rainn (lutte contre l'inceste, le viol et les abus sexuels)
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Malgré cet incident (vite pardonné par le public), Timothée Chalamet reste l'adorée du public à l'international.
Son humilité et son humour font fondre les fans.
Sur les tapis rouges il ne s'est jamais caché de son admiration pour certains artistes : il a sauté dans les bras d'Olivia Spencer et Daniel Day sur le tapis des Golden Globes
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Sur le plateau du Quotidien, il fait rire tout le public en parlant du tournage de Call me by your name (voir vidéo)
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ARTICLE 13
Info d’un faon pour lequel, au fond, on fond
Décembre 2018 - Anaïs D.
Le 13 décembre 2018, la sentence est tombée : un braconnier du Missouri est condamné à perpétu… ah, non, va entrer dans le couloir de la m… Mince, toujours pas ?
En réalité, sa sentence est si originale que l’on aurait du mal à ne pas prendre cela pour un canular de la part des juges. Pour condamner ce braconnier multirécidiviste et conclure cette enquête de grande envergure dans l’Etat américain, Bambi entre en scène. Spoiler alert : non, Bambi n’est pas un phénix et n’a donc pas pu renaître de ses cendres.
Condamné à un an de prison, ce prisonnier Américain aura de quoi s’occuper et se divertir (à sa manière) dans sa cellule. Au moins une fois par mois, il sera dans l’obligation… de visionner Bambi.
Quand ton pote t'enjoint à le rejoindre dans ses tribulations et t'assure que c'est safe + qu'on se marre bien.
N’avez-vous pas hâte de connaître la suite de cette histoire ? En une de USA Today, le 19 juin 2019 : « Les glandes lacrymales de David Berry, après 6 mois de visionnage régulier du film Bambi, ont cessé de fonctionner. Le braconnier fou du Missouri est devenu la risée de sa prison après que ses collègues ont appris en quoi consistait sa sentence. Il affirme désormais haïr ce monde de brutes dans lequel il vit, et projette déjà sa sortie de prison, en décembre. Il espère obtenir 1,200,000 signatures à sa toute dernière pétition : ‘Pour des Disney cruelty-free’. Celle-ci a déjà recueilli 2 soutiens : son compagnon de cellule, peiné par les pleurs intempestifs de David lors du film, et Richie, l’unique vegan de la prison.
Richie milite lui aussi pour des Disney plus doux, lisses et joyeux. Il regrette le temps du patriarcat affiché dans les dessins animés, les princesses condamnés à devoir être sauvées par un prince charmant monté sur son fidèle destrier… En ce temps, le monde était plus simple, bien plus que depuis des fémi-nazi ont pris d’assaut les films Disney pour inciter à mettre à l’affiche des princesses rebelles et ambitieuses, qui sont libérées, délivrées et ne mentent plus jamais. Nous n’avons pu obtenir davantage de déclarations de la part de Richie, qui a détalé voyant son açaï bowl au sirop d’agave se faire dérober par un codétenu.
David rétorqua, qu’en effet, les films Disney sont plus violents que des films pour adultes. C’est d’abord son visionnage de Bambi qui lui a mis la puce à l’oreille. Puis tous les autres dessins animés qu’il a pu regarder. Les héros ou leurs parents meurent par balles, arme blanche, ou même attaqués par des animaux ! Son regard s’est voilà à la simple pensée de La Petite Sirène, La Belle au bois dormant et Le Monde de Némo – 3 films qui ont changé sa destinée à tout jamais. En revanche, il éprouva un sentiment de réelle vengeance en évoquant la morte de la méchante sorcière dans Blanche Neige et les sept nains, nous décrivant comment sa mort cruelle, en tombant d’une falaise, était méritée. Nous flairons ici un complexe d’Œdipe non résolu – David a donc beaucoup de projets en chantier qui l’attendent à sa sortie de prison. Il nous a confié avoir peur de se faire interner, s’il en venait à développer une folie pathologique, à force de regarder tous ces films de la Walt Disney Company. Afin de ne pas l’effrayer, et pour qu’il puisse appréhender sa sortie de prison sereinement, nous lui avons épargné la (bonne et excellente) nouvelle de la sortie prochaine du second opus de la Reine des Neiges. Avec son lot de chansons entêtantes. A en rendre fou des parents. Maria, si tu lis cet article – évitons de procréer dans les dix années à venir, je ne survivrai pas à une nouvelle salve de musiques de Frozen, écoutées en boucle dans la maison. J’en deviendrai fou, moi aussi. »
L’histoire ne dit pas ce que sont devenus les dizaines de cervidés empaillés accrochés dans le salon du braconnier en guise de trophées. Bambi visionné pendant un an, certes ; le featuring Juges Américains x Walt Disney Company pourrait-il sauver le règne animal ? Ce serait une moindre chose, puisque Donald Trump x Fake News aura déjà eu raison du réchauffement climatique.
ARTICLE 12
Capharnaüm mais pas que !
Novembre 2018 - Khadija S.
Zain, âgé de peut-être 12 ans, poursuit ses parents en justice pour l’avoir mis au monde.
Vainqueur du Prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes, Capharnaüm est sorti en salle en octobre 2018.
En me servant de cette œuvre cinématographique, j’aborderai d’autres œuvres en tout genre : de la musique, des livres, des films… tous étant liés, d’une manière ou une autre, au film.
La première recommandation de K !
Near Light, issu de l’album Nordic Noir, de l’artiste norvégienne Mari Samuelsen.
En cherchant de la musique dans ma bibliothèque s’accordant au film, que ce soit au niveau des paroles, de l’ambiance ou de la sonorité, Near Light s’est tout de suite imposée.
Le morceau est court, à peine trois minutes, et pourtant il s’en dégage une intensité et une force qui n’est pas sans me rappeler l’ambiance de Capharnaüm…
Ce que je peux vous dire, en évitant d’éventuels spoilers, c’est qu’après avoir suivi les aventures du jeune Zain, il vous sera difficile d’écouter Near Light sans repenser à ses malheurs.
La deuxième recommandation de K !
Slumdog Millionaire, du réalisateur anglais Danny Boyle.
Le film adapté du roman de l’écrivain indien Vikas Swarup, Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, peut être rapproché à Capharnaüm en plusieurs points. Ils relatent tous les deux l’histoire de jeunes « orphelins », si je peux me permettre, affrontant la vie dans la rue, quasiment livrés à eux-mêmes.
Tout comme Zain, Jamal a toujours connu (à quelques détails près) l’insécurité. L'un au Liban, et l’autre en Inde, les deux films représentent la pauvreté dans ses deux pays. Le commencement de Capharnaüm qui met en scène des enfants jouant et courant dans les rues de Beyrouth est assez similaire à un passage de Slumdog Millionaire.
P-S : Le film est disponible sur Netflix !!!
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La troisième recommandation de K !
Lifeboat (Freestyle), de l’album Lost & Found, de l’artiste anglaise Jorja Smith.
« So why are all the richest staying afloat?
Seeing all my brothers drowning even though they nicked the boat
Mothership ain’t helping anyone”
Une métaphore qui s’applique parfaitement à la situation de Zain (oups, mini spoil). Sans en dire trop, cette chanson, du fait de ses paroles engagées, questionne le fonctionnement de la société et le comportement des hommes.
P-S : L’album est vraiment réussi, écoutez-le en entier.
La quatrième recommandation de K !
Zazie dans le métro, roman de Raymond Queneau.
À travers Capharnaüm, le troisième long-métrage de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki, le spectateur voyage au cœur des bas-fonds de Beyrouth. En lisant la célèbre œuvre de Queneau, on découvre un autre Paris.
À l’image du protagoniste de Capharnaüm, Zazie fait de nombreuses rencontres durant son périple, la changeant et même, la vieillissant.
La cinquième (et dernière) recommandation de K !
Le compte Instagram @arabicstreetart.
Ce compte recense des centaines de photos de calligraffitis et de pochoirs, entre autres. Avec parfois des messages engagées ou tout simplement très esthétiques, les publications de @arabicstreetart, provenant du monde entier, sont toujours un plaisir à voir dans son fil d’actualité.
Le rapport avec le film Capharnaüm est assez tenu, (quoique, le film est en arabe) mais je ne pouvais pas laisser passez une occasion de « promouvoir » ce compte Instagram.
A Star is (Re)Born
Octobre 2018 - Marie G.
Sans doute le film le plus attendu de l'année, "A Star is born" a régné sur le box office ces dernières semaines. L'enfant chéri du réalisateur Bradley Cooper a reçu une standing ovation au Festival de Venise et se dirige droit vers la nomination aux Oscars. D'autant plus que la statuette n'est pas étrangère à "A Star is Born". Retour sur le mythe d'un film aux 4 facettes.
Une franchise à succès
La star naît véritablement en 1937. Esther est une jeune actrice pleine d'espoir qui rencontre son rêve hollywoodien. Par un hasard heureux, elle fait la connaissance de Norman Maine, un acteur à succès, prêt à l'aider. Le contexte hollywoodien est ici parfaitement adapté aux années 30 et cet âge d'or du cinéma. La première version est une critique acerbe du star système qui écrase, compresse et meurtrit ses acteurs-marionnettes pour les faire rentrer dans des cases.
Le film donne le ton et dépeint un Norman Maine alcoolique mais surtout jaloux de la nouvelle renommée de sa compagne. La scène des Oscars (qui se transformera en Grammy Awards dans les dernières versions) est d'une violence absolue.
Norman Maine interrompt le discours d'Esther et s'en prend à l'audience en scandant que ces prix ne valent rien. La fin est à nouveau tragique, Norman se suicide en se jetant dans la mer. Cette version de William A. Wellman met aussi judicieusement en avant un fan arrachant le voile de l'endeuillée Esther. Une pique acerbe à ce Hollywood changeant où la renommée n'est que temporaire.
C'est presque naturellement qu'en 1954, "A Star is Born" devient une comédie musicale.
Le star système s'amoindrit à cette époque et donc logiquement le film présente une Vickie (non plus Esther) sûre d'elle se produisant sur scène avec un costume d'homme. Si le nom Norman Maine reste, le personnage n'a rien à voir. Le chanteur est élégant et plus léger que son homologue de 1937. La rencontre met aussi davantage en lumière la vulnérabilité de Norman qui trébuche sur la scène pendant un spectacle de Vickie. L'enjeu est alors moins dans la dénonciation que dans les failles des personnages. La scène des Oscars présente alors moins un Norman aigri qu'un Norman pitoyable quémandant à nouveau les projecteurs. Vickie, de même, se débarrasse du rôle d'ingénue et porte à bout de bras son amant. La version de 1954 est donc plus tragique et ressemble davantage à celle de Bradley Cooper.
Le film de 1976 a été un désastre pour la critique mais a très bien marché dans les salles. S'adaptant à nouveau à son époque, les personnages de "A Star is Born" deviennent des rockstars. Les comédies musicales ne sont plus aussi populaires, la chanteuse Barbara Streisand avait d'ailleurs délaissé les planches depuis 6 ans lors du tournage. Plus moderne, cette version permet aussi d'immiscer pleinement le spectateur dans l'histoire. Les musiques ne sont plus une coupure par rapport à la story line mais sont des moments de narration comme les autres. Les addictions recoupent aussi facilement les destins des stars du rock de l'époque. La troisième version colle donc parfaitement à cette décennie de libération des mœurs. Au-delà de cette jolie peinture, Barbara Streisand, aussi tyrannique sur le plateau
que dans le film, impose ses idées. Elle retrouve le nom d'Esther mais à l'inverse de celle-ci refuse de se laisser dicter un style ou une marque pour vendre et n'hésite pas à maquiller son amant dans une scène qu'on retrouvera dans l'ultime version.
Dans une époque de revendication féministe, Esther s'impose et demande elle-même la main de Norman. Norman s'efface aussi par un choix délibéré de Barbara Streisand, productrice d'un film dont elle se veut vedette. Quitte à perdre l'intensité tragique de la version précédente. La scène des Grammy le prouve.
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L'ultime version recoupe avec l'esprit critique du premier, l'intensité dramatique du 2ième et retrouve un contexte rock similaire au dernier. Néanmoins, pour la première fois, le personnage de Bradley Cooper gagne une place importante dans le film avec une backstory conséquente. Il n'est plus une représentation, mais bien un personnage à part entière. Comment expliquer alors que ça soit Lady Gaga qui explose l'écran ? Peut être l'admiration du réalisateur pour la chanteuse est telle qu'il lui laisse la place. Peut-être parce qu'il s'agit du seul tournage paisible et bienveillant pour "A Star is Born".
Les coulisses du film
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Une confiance inouïe du jeune réalisateur
Tous les tournages de "A Star is Born" s'étaient montrés désastreux. Pourtant, peut être parce qu'il s'agissait du premier film de l'acteur, cette nouvelle version dégage une douceur incroyable. Muni d'un budget bien moindre que ces prédécesseurs, la modestie de Bradley Cooper a permis de donner un rendu sincère. Le nouveau réalisateur n'a pas hésité à faire confiance à des acteurs novices comme Anthony Ramos Ramirez ou bien sûr Lady Gaga mais aussi à se mettre en danger en chantant et composant lui-même certaines chansons. Un défi d'autant plus complexe que les scènes de concert se produisent dans des vraies stades (comme celui du Glastonbury festival) sous les yeux de la foule. De vrais stades et un vrai public devant lesquels les acteurs chantent en live. Aucun playback. Un souhait de Lady Gaga qui déteste les films avec les chansons pré-enregistrées. Le rendu est d'une émotion brute.
Une alchimie qui prend
Si la relation des deux protagonistes apparaît si naturelle, c'est que Bradley Cooper y a veillé. Il a lui-même imposé la chanteuse à la production, après l'avoir vue interpréter "La vie en rose" à une cérémonie. Une chanson qui fera d'ailleurs office de première rencontre aussi dans " A Star is Born". Les deux stars se retrouveront après dans la maison de la star de la pop pour partager des restes de pâtes et chantonner autour d'un piano. Les scènes paraissent empruntées au film.
La chanteuse a particulièrement inspiré l'acteur puisqu'il lui emprunte, pour le film, sa fréquentation du milieux drag queen. Le réalisateur la laisse également librement écrire des chansons pendant le tournage (on voit d'ailleurs Lady Gaga écrire en direct une chanson dans le film). De même,c'est après que Bradley Cooper ait été ébloui par la proposition "Shallow" de la compositrice qu'il décide d'en faire le centre de "A Star is Born". Alors fiction ou réalité ?
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Un récit de vie ?
Si Bradley Cooper a donné une tel passé à son personnage c'est peut-être pour mieux s'identifier à lui. L'acteur a baissé d'une octave sa voix pour se rapprocher de celle de Billy Elliot (qui joue son frère), pourtant il raconte bien une partie de sa vie dans "A Star is Born". Ancien alcoolique reconverti, l'acteur a retrouvé ses fragilités dans le chanteur de country. La mort de son père, il y a peu, explique aussi l'importance de la figure paternelle dans cette version. "Je sais que ce n'était pas malin de faire un reboot pour un premier film mais on ne choisit pas les œuvres qui nous émeuvent" avait-il avoué lors d'une interview.
Mais c'est sans doute Lady Gaga qui retrouve son histoire narrée. Dès son arrivée, la chanteuse a été mise à nu par Cooper qui lui a tendu un coton démaquillant. "Ici, personne ne triche". Une revendication qui sera répétée tout au long du film, une invitation à hausser la voix face au star system que défend son personnage. Un retour à la version de 1937 ou à nouveau un parallèle avec la vie des artistes ?
Pour Lady Gaga, la réponse est évidente. Chanteuse de jazz à ses débuts, elle se métamorphose en chanteuse pop pour gagner en notoriété. Quitte à laisser oublier ses talents de grooveuse, quitte à perdre sa voie. Ou faire oublier sa voix. De même, on lui conseillera de faire une chirurgie pour son nez jugé trop imposant, elle refusera fermement.
"A Star is Born" arrive à un tournant dans la carrière de Lady Gaga, à un moment où l'artiste souhaite retrouver plus d'authenticité et enlever les fards. Dans son dernier album "Joanne", Lady Gaga est étonnante de sobriété et interprète des titres moins pop et plus intimes. Joanne évoque ainsi un membre de sa famille décédé auquel elle se sent particulièrement reliée.
L'album intervient aussi dans une période compliquée de la chanteuse. En effet, Lady Gaga souffre de fibromyalgie. Ces douleurs chroniques l'ont empêchée de se produire sur scène et l'ont amenée à un retour aux sources puissant. Signe de ce retour, elle se produira à Vegas dans un show en 2 parties : un sur les titres qui ont marqué sa carrière puis un show de jazz. L'artiste, à fleur de peau dans le film, signe une chanson finale vibrante. Ses pleurs, lors de la scène finale, sont en réalité tristement réelles. Réelles puisqu'avant la scène, l'artiste a appris la mort d'une de ses amies. Pas étonnant alors que le film soit si criant de vérité.
Le regard caméra d'Ally à la fin du film signifie, selon Bradley Cooper, "l'éclosion d'une star, l'instant précis où la star est née".
Lady Gaga est touchée par la grâce.
L'oscar est en vue.
ARTICLE 11
ARTICLE 10
And the Oscar goes to...
Mars 2018 - Agathe R.
Ah les Oscars ! Le tapis rouge, ses stars… qui repartira avec une de ces fameuses statuettes et quel film sera la surprise de cette nouvelle édition ? Voilà tant de sujets qui animent le monde du cinéma chaque année à la même période, quand les dernières cérémonies rendent leur verdict sur les films de l’année précédente.
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En France, nous ne sommes pas non plus en reste avec les Césars, « cousin » national de la cérémonie américaine, qui bien que moins strass et paillettes n’en demeurent pas moins significatifs et chers au cœur des réalisateurs.
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De Blade Runner 2049 à Call Me By Your Name en passant par Get Out et bien d’autres, l’année 2017 a été riche en films d’excellente facture et c’est pourquoi le résultat des courses était donc fort attendu.
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Je ne pourrai ici m’atteler à les analyser dans leur intégralité, mais voici donc pour vous aujourd’hui, mon récap de ces deux cérémonies et plus précisément des enseignements majeurs que nous pouvons en retenir.
Who runs the world ? Girls !
Des pins « Time’s Up » aux Oscars, des rubans blancs aux Césars, des femmes fortes et unies sur le tapis rouge comme sur scène, les nominations importantes de Dee Reese (Meilleur Scénario Adapté) et Greta Gerwig (la seule femme nominée pour l’Oscar du meilleur réalisateur), des interventions engagées et remarquées (le monologue d’entrée de Jimmy Kimmel, les performances de Tiffany Hadish et Maya Rudolph, mais aussi le sketch très osé de Blanche Gardin par exemple) : force est de constater, les femmes étaient au cœur de l’attention ces deux soirs et elles l’ont fait savoir !
Après une année 2017 marquée par la révélation de l’affaire Weinstein ainsi que le lancement des mouvements MeToo et Time’s Up, les Oscars et Césars étaient attendus au tournant. Quel serait donc leur message et s’exprimeraient-ils sur les sujets de la cause des femmes et du harcèlement ?
Mais surtout, l’un des moments forts de ce girl power qui a imprégné ces deux cérémonies, cet instant qui a transcendé toute la salle, ce fut le discours de Frances McDormand au moment de recevoir sa statuette de la Meilleur Actrice, après une superbe performance dans 3 Billboards : Les Panneaux de la Vengeance. Face à son audience, touchée, s’exprimant avec ferveur et émotion, l’actrice a invité toutes les femmes nominées pour un prix ce soir-là à se lever, les célébrant, les encourageant à persévérer, à faire entendre leur voix et à raconter leurs histoires.
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A cet instant, il n’était plus question de compétition. Il n’était question que d’unité, de soutien, de femmes fortes, soudées, prêtes à en découdre pour se faire entendre dans ce monde du cinéma encore trop inégal et mysogine. Plus fort qu’un discours, plus marquant qu’un symbole, on a alors assisté à un engagement pour l’avenir. Une révolution est en marche et elle arrive à grands pas, les actrices s’en faisant les premières garantes.
La part belle aux rêveurs
“Here’s to the ones who dream. Foolish as they may seem.” Voilà ce que chantait Emma Stone dans La La Land, qui lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice. Cette année encore, les deux cérémonies ont laissé le rêve battre son plein et ont récompensés les oniristes.
Le triomphe de Guillermo Del Toro en est le parfait symbole. Sacré meilleur réalisateur aux Oscars grâce à son film La Forme de l’Eau, qui a aussi empoché le titre de meilleur film, le cinéaste mexicain a prouvé encore une fois que la chance sourit aux audacieux. Del Toro c’est un style unique, un univers qui lui est propre et qu’il met en scène dans chacune de ses créations, ne cherchant pas à plaire mais à partager ses histoires, à inviter le public à le rejoindre dans son monde où les monstres ne sont finalement pas si monstrueux que ça (il déclarait d’ailleurs dans un touchant discours aux Golden Globes : « J’ai été sauvé et absous par eux car les monstres sont, je crois, les Saints Patrons de nos imperfections ») et cette récompense est finalement la juste reconnaissance qui manquait à sa carrière.
De l’autre côté de l’Atlantique nous pouvons compter sur Au Revoir là-haut pour mettre avant l’imaginaire, ici comme moyen thérapeutique et vengeur, afin de panser les blessures tant bien physiques que celles invisibles du cœur après une Première Guerre mondiale qui n’aura épargné personne. Dans un récit douloureux, le rêve intervient afin d’échapper la réalité mais aussi l’affronter et la poésie qui s’en exprime est touchante, le film visuellement magnifique. Bien qu’il n’ait pas remporté le César du meilleur film, l’adaptation d’Albert Dupontel du roman du même nom n’en reste pas moins l’un des grands gagnants de la cérémonie et à juste titre.
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Enfin, les rêveurs, ce ne sont pas seulement les scénaristes, les acteurs ou les réalisateurs. Ce sont aussi tous ces jeunes américains, nés de parents immigrés et aujourd’hui meacé d’expulsion par le gouvernement Trump. Avant de présenter l’Oscar de la meilleure production, Lupita Nyong'o et Kumail Nanjiani ont tenu à apporter leur soutien aux DREAMers (du nom du programme Dream Act aujourd’jui menacé) avec ces quelques mots : "Like everyone in this room and everyone watching at home, we are dreamers"(…) "To all the Dreamers out there, we stand with you."
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Cette capacité à dépasser le cadre de la création pour exprimer et partager des messages engagés, promulguant des valeurs et défendant des idéaux, fait aussi la force de l’Art. Le monde du cinéma en a conscience et l’a fait savoir lors de ces deux soirs, lors desquels une valeur a rayonné : celle de la diversité, mise en valeur et célébrée.
La diversité, maîtresse de soirée
En effet, après plusieurs années d’attente et de frustration, le panel des films sélectionnés et récompensés est progressivement devenu plus varié et représentatif du monde cinématographique actuel et il semble enfin que la diversité soit au cœur des délibérations. On peut tout d’abord noter le triomphe du Mexique et de ses représentants aux Oscars ces dernières années. Avec Coco, meilleur film d’animation, ou La Forme de l’Eau, les créateurs mexicains ont brillé lors de la cérémonie et confirment une tendance pour le moins remarquable : sur les cinq derniers Oscars du meilleur réalisateur, quatre ont été attribué à des cinéastes mexicains !
Cette diversité, elle s’exprime aussi par une reconnaissance des minorités et notamment cette année celle de la communauté LGBTQ. On peut citer 120 Battements par minute, un film subjuguant sur l’association ACt Up et la sensibilisation au virus du Sida, problème d’actualité comme le rappelaient Romain Campillo et son équipe en allant récupérer leur prix après que le film ait dominé les Césars. On peut aussi féliciter le poétique Call Me By Your Name, Oscar du meilleur scénario adapté, traitant d’une romance d’été entre un jeune Français et un Américain dans les années 80, mais aussi A Fantastic Woman, film qui offre plus de visibilité à la communauté transgenre, encore trop peu représentée à l’écran et a remporté grâce à sa superbe réalisation et son scénario touchant l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
La Victoire pour le titre de meilleur film de The Shape of Water plutôt que celle de 3 Billboards : les panneaux de la vengeance, pourtant grand favori lui aussi, est de plus significative. Le film hommage au cinéma qui met au cœur de son intrigue une femme handicapée tombant amoureuse d’une créature aquatique, le tout dans un contexte de Guerre Froide et de racisme et sexisme fort, a sûrement bénéficié de cela pour se démarquer du film de Martin McDonagh, dont le personnage de policier raciste désormais pardonné incarné par Sam Rockwell a fait polémique pour beaucoup et probablement influencé les jurés de l’Académie. Cette remise de prix envoie chaque année un message au monde du cinéma (tel avec Moonlight l’an dernier en dépit de l’imbroglio qui l’entourait) et cette édition n’y fait pas exception, comme pour dire que même les réalisateurs les plus « atypiques » sont désormais susceptibles de l’emporter.
Déceptions et améliorations possibles
Cependant, il faut aussi constater que du chemin reste à faire et que des améliorations sont encore possibles pour ces deux cérémonies, et pour les Oscars en particulier. En effet, il y a tout d’abord le scandale de Get Out, que certains électeurs de l’Académie ont refusé de voir, jugeant qu’il ne méritait pas d’être aux Oscars. Alors que cette dernière a promis depuis ces dernières années du changement et plus de diversité, une telle situation est inacceptable et on ne peut qu’exiger que cela change pour la prochaine édition !
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De plus, bien que Greta Gerwig et d’autres talentueuses femmes étaient nommées, on peut encore demander mieux et espérer encore plus de femmes nommées aux prochains Oscars et Césars. Dans un milieu du cinéma aussi talentueux, il est impensable qu’aussi peu de femmes méritent leur place au tableau des récompenses et on espère bien que la tendance actuelle s’affirmera et croîtra pour les années à venir !
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Pour terminer, j’exprimerais ici un avis, le mien, en expliquant simplement que malgré ces cérémonies qui ont sacré nombre de mes coups de cœur, je ne peux m’empêcher d’être déçue pour Ladybird qui après un succès aux Golden Globes est revenu pantois des Oscars. Il aura été la surprise de l’année avec son récit simple mais si juste et ses excellents acteurs mais cela n’aura pas suffi pour convaincre les juges, au plus grand dam de ses fans et du mien.
D’un girl power affirmé à des rêveurs comblés en passant par une volonté de diversité retrouvée, ces deux cérémonies sont parvenus encore une fois à créer la surprise et faire sensation et je finirais donc mon article telle la grande Francis McDormand avec ces deux simples mots, synonymes de progrès et d’avenir (et je vous invite donc grandement à chercher leur signification après lecture de cet article) :
Inclusion rider !
ARTICLE 9
"Ici, à la NASA, on pisse tous de la même couleur"
Décembre 2017 - Charlotte G
« Les figures de l’ombre », long-métrage de Théodore Melfi sorti en mars 2017, est l’adaptation cinématographique du roman « Hidden Figures » de Margot Lee Shetterly. Mettant en scène trois femmes afro-américaines indispensables aux avancées de la conquête spatiale américaine dans les années 1960’, l’auteure et le réalisateur ont tenté de rendre hommage à des femmes exceptionnelles restées injustement dans l’ombre à cause de leur sexe et de la couleur de leur peau.
Les figures de l’ombre : Un énième film de bonne conscience sur la ségrégation, ou un chef d’œuvre justicier ?
A travers l’histoire de Katherine Jonhson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, dans un contexte historique où les Etats-Unis et l’URSS se livrent à une guerre des étoiles et à une course à l’armement ; le film aborde plusieurs thématiques importantes. Théodore Melfi nous permet d’avoir un aperçu des débuts de la conquête spatiale américaine à la NASA, tout en illustrant la ségrégation et le sexisme, encore une réalité bien présente dans les années 1960’. Enfin, le film essaie de dresser un portrait de femmes fortes et déterminées, dans leur vie professionnelle comme dans leur vie privée.
Les trois scientifiques auxquelles le film fait référence ont toutes un parcours impressionnant et ont été des pionnières dans leurs domaines.
Katherine Jonhson, diplômée du lycée à 14 ans et de l’université à 18 ans, a rendu ses calculs indispensables dans la recherche et la préparation de la mise en orbite de l’astronaute John Glenn, alors que les Etats-Unis tentaient de rattraper leur retard sur les Russes.
Dorothy Vaughan a, elle, été la première femme noire à manager une équipe au sein de la NASA même si elle n’en a jamais obtenu le poste ; et a décrypté le langage de programmation FORTRAN devenant une pionnière de l’informatique.
Mary Jackson a été diplômée en mathématique et physique avant d’entrer à la NASA sous les ordres de Dorothy Vaughan. Elle s’est battue pour obtenir le titre d’ingénieure, en suivant pour cela des cours réservés aux blancs. Elle est devenue la première ingénieure noire à la NASA.
Mary Jackson
Katherine Johnson
Dorothy Vaughan
Cependant, les critiques ont trouvé de quoi faire avec les nombreux écarts historiques que le scénario s’est permit. Il est certes fréquent de réécrire la vérité dans les films historiques. Mais ce qui pénalise le long métrage, c’est qu’il semble revisiter l’Histoire, non pas pour célébrer de plus belle le combat des trois femmes, mais pour laver l’honneur des hommes blancs. Certains épisodes ont été purement inventés, alors qu’ils ne desservent pas la cause défendue à l’origine par Margot Lee Shetterly. Par exemple, Katherine Jonhson ne s’est jamais obligée à parcourir un kilomètre pour atteindre les toilettes pour noirs, mais s’est octroyé le droit de se soulager aux wc les plus proches, niant les lois ségrégationnistes. La scène où Al Harrison détruit le panneaux « colored » pour permettre à sa meilleure mathématicienne de travailler plus efficacement est, selon l’aveu du réalisateur, là pour que « des Blancs fassent la chose juste ». Il en va de même pour la scène où l’on refuse à Katherine - sans qui la mission n’aurait jamais pu se produire - le droit d’assister au lancement dans la salle de contrôle, qui est biaisée. Si dans le film, Al Harrison vole de nouveau à son secours, la réalité reste le fait que Katherine Johnson n’a pas pu assister à l’achèvement de son travail. Enfin, les critiques pointent également du doigt des personnages principaux trop parfaits et des personnages secondaires fades, éclipsés par les trois héroïnes.
Néanmoins, le film reste un concentré de fraîcheur et de spontanéité. Le réalisateur parvient à aborder des thèmes graves et polémiques avec légèreté et humour, et les actrices illuminent l’écran de leur authenticité. Le tableau dépeint par Théodore Melfi reste réaliste, grâce à des personnages comme Al Harrison (Kevin Costner) ou Vivian Michael (Kirsten Dunst) qui incarnent, malgré ce que l’on peut penser, des blancs ni pour ni contre la ségrégation, mais simplement individualistes et formatés par leur société. Le film a aussi le mérite de nous propulser avec succès au sein des problématiques de l’époque : on dispose d’une vue imprenable sur les travaux de la NASA, ses échecs et ses réussites, ébranlés par l’arrivée de l’ère numérique, le tout sur un fond de mutation sociale. De plus, les personnages sont attachants, les tenues vestimentaires sont soignées et nous rappellent l’élégance de ce temps-là, faisant du long-métrage un film agréable à regarder.
Malgré quelques maladresses, « Les figures de l’ombre » reste avant tout et pour tout un hymne à l’intelligence et à la combativité de ses trois femmes qui ont laissé leurs empreintes dans l’Histoire. Un rappel au monde de la part de Margot Lee Shetterly et Théodore Melfi, de ce que ces femmes ont accompli, et du peu qu’il faut à l’être humain pour oublier.
ARTICLE 8
Happy Birthdead
Une journée sans fin façon slasher
Décembre 2017 - Thomas B
Happy Birthdead (Happy Death Day en VO) sorti le 15 novembre dernier en France, réalisé par Christopher Landon et produit par Jason Blumhouse (Get Out, Split) est le dernier film « d’horreur » en date du studio Blumhouse Productions. Si horreur est ici indiqué entre guillemets, ce n’est pas pour rien, mais nous verrons cela plus tard.
Et c’est lorsque la machine est lancée que nous découvrons alors le vrai thème du film. Comme cité plus haut, même si le long-métrage cherche à se faire passer pour un film d’horreur, il n’en est rien. « Comédie horrifique » serait beaucoup plus adapté. En effet, à aucun moment les personnages ne se prennent aux sérieux. Tous stéréotypés sans aucune exception (le geek, la peste superficielle, l’ex petit-ami canon et sportif, etc…) et pour autant tous aussi suspects les uns que les autres, ils sont autant de prétextes pour mener les scènes vers des gags parfois très drôles. De plus, même l’héroïne semble à certains moments profiter de sa condition spéciale pour s’amuser, tout en sachant que lorsqu’elle mourra tout recommencera et personne ne se souviendra de rien. Cependant, n’oublions pas qu’il s’agit tout de même d’un slasher et que quelques sursauts sont à prévoir de temps à autre, même si ceux-ci ne valent pas un certain Conjuring ou autre Insidious. Malgré tout, il y a très peu de sang, donc âmes sensibles n’ayez crainte.
L’histoire nous emmène donc dans le quotidien, ou plutôt la journée, de Tree, (incarnée par Jessica Roth) jeune étudiante américaine qui découvre à ses dépens le jour de son anniversaire qu’elle possède une certaine habilité : à chaque fois qu’elle meurt, sa journée recommence. Cependant deux problèmes se posent à elle. Le premier, c’est que ce jour-là, un tueur masqué apparemment bien remonté a décidé de s’en prendre à elle et de l’assassiner violemment le soir de cette fameuse journée. Le second souci, c’est que Tree a la particularité d’être une peste et de n’être appréciée par, pour ainsi dire, personne, ce qui allonge considérablement la liste des suspects. C’est alors armée de son courage et de son « invincibilité » que notre héroïne cherchera à résoudre son meurtre et à pouvoir enfin passer à la journée suivante.
Pour ce qui est de la forme, le réalisateur n’a pas fait dans l’original avec des musiques peu marquantes et des plans assez génériques. On notera tout de même que malgré le concept de la journée qui recommence à l’infini, à aucun moment on ne ressentira de lassitude. La mise en scène parvient à être assez variée et rythmée pour qu’on ne s’ennuie jamais et qu’on soit tenu en haleine tout du long. D’ailleurs, Happy Birthdead est assez court, une grosse heure et demie, ce qui est moins que la plupart des productions actuelles. Au niveau des acteurs, mention spéciale à Jessica Roth, qui est plus que convaincante dans son rôle et à son partenaire Israël Broussard. On sent une véritable alchimie ainsi qu’une complicité entre les deux acteurs qui jouent leurs rôles à la perfection.
En conclusion, Happy Birthdead, même s’il n’est pas le film de l’année, est tout de même un long-métrage fort sympathique que je conseille fortement à qui souhaite passer un bon moment au cinéma sans se prendre la tête. La formule est simple, le réalisateur ne réinvente rien, mais le tout marche plutôt bien. On en redemanderait presque !
ARTICLE 7
Mother!
"Sortez de ma maison !"
Octobre 2017 - Thomas B
« Mother! » sorti le 13 septembre 2017 dans nos salles obscures est le dernier long-métrage en date du réalisateur américain Darren Aronofsky, connu entre-autres pour le très sombre Black Swan. Autant le dire tout de suite, le cinéaste est resté dans le contexte du peu commun et du symbolique.
Alors que nous raconte « Mother! » ? (Il y a vraiment un point d’exclamation dans le titre) Le pitch de base est assez simple : un couple heureux (incarné par Jennifer Lawrence et Javier Bardem) installé dans une grande maison isolée se retrouve contraint d’accueillir un homme mystérieux aux intentions floues et voit petit à petit l’harmonie dans leur vie se briser. Si ce point de départ n’est pas rare dans le monde du cinéma, ici celui-ci est traité d’une manière assez particulière. Je tiens à vous prévenir, impossible de sortir de cette expérience sans être perturbé.
Commençons par parler de l’image. Ici, le réalisateur a choisi un parti pris pour le moins original : la caméra suit Jennifer Lawrence à la trace. En effet, les plans sur lesquels celle-ci n’apparaît pas se comptent sur le doigt d’une main, nous sommes sans arrêt avec elle. Ce procédé nous donne ainsi l’impression d’être réellement avec l’actrice tout au long du film et ne nous permet que de connaître son point de vue sur les évènements. De ce fait, une certaine claustrophobie se met en place, sensation renforcée par le fait que jamais nous ne quittons les murs de la maison. Les musiques, quant à elles, sont assez discrètes. Ressemblant plus à des « bruits d’ambiance » qu’à de réels thèmes musicaux, celles-ci parviennent néanmoins à bien faire leur boulot et à créer un certain malaise ainsi que de la tension au fils des scènes.
D’ailleurs, parlons-en de ces scènes. S’enchaînant à un rythme assez lent au début, celles-ci s’accélèrent vers la fin pour finalement arriver à une conclusion complètement folle où vos nerfs seront mis à rude épreuve. Non seulement il vous faudra du courage pour suivre avec vos yeux tout ce qu’il se passe à l’écran, mais en plus, vous devrez aussi tenter de comprendre ce que le film tente de vous raconter. Car « Mother! » n’est pas un film comme on a l’habitude d’en voir, il s’agit avant tout d’un message. N’espérez surtout pas pouvoir suivre l’œuvre au premier degré comme si elle avait un scénario classique, vous ne sortiriez de la séance que perdus et agacés car vous auriez l’impression d’avoir perdu votre temps. En effet, « Mother! » cherche à vous faire comprendre quelque chose à travers de nombreuses scènes symboliques et sous-entendus lourds de sens. Plusieurs niveaux de lectures vous seront proposés tout au long des deux heures que durent le long-métrage et libre à chacun d’interpréter comme il le souhaite les nombreuses pistes lancées par le réalisateur.
Au final, difficile de dire si « Mother!" est un bon ou un mauvais film. Destiné avant tout aux curieux et à ceux qui aiment réfléchir longtemps après la séance, le long métrage de Darren Aronofsky reste néanmoins un bon divertissement si vous souhaitez découvrir quelque chose sortant des sentiers battus du cinéma.
ARTICLE 6
Doctor Who :
54 ans d'existence
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« Hello, I’m the Doctor. Basically… run. »
Doctor Who, une série de génie pour certains, un point d’interrogation pour d’autre.
Doctor Who fait pourtant, aujourd’hui, partie de la culture générale. Cette série, débutée dans les années 1960’, est la plus vieille série de science-fiction encore diffusée à l’antenne. Mais n’allez pas vous imaginer les vieux sketchs des générations précédentes, des acteurs inconnus et une résolution en noir et blanc… Doctor Who est une série télévisée qui a su évoluer avec le temps et les mœurs. Tant et si bien qu’en ce début 2017, c’est la saison 10 qui commence !
Avril 2017 - Charlotte G
Doctor Who, en résumé
Celui qu’on appelle « Le Docteur » est donc le personnage principal de cette longue série. Ce dernier Seigneur du Temps venant de la planète Gallifrey est en cavale depuis qu’il a volé un TARDIS, Temps A Relativité Dimensionnelle Inter Spatiale (ou « Time And Relative Dimension(s) In Space » en anglais), une navette pouvant prendre n’importe quelle apparence pour se fondre dans le paysage et surtout, bien sûr, capable de voyager dans le temps et l’espace. Un jour, le TARDIS restera bloqué sur l’apparence d’une « police box » bleue ; et deviendra l’emblème de la série.
This is the Tardis and YES, it is bigger on the inside.
Mais le Docteur est d’abord un personnage complexe et torturé. Loin des siens depuis des centaines d’années, il s’occupe en sauvant la Terre des dangers extraterrestres… et à se trouver des compagnons de voyages. Rose, Dona, Amy et Rory, Clara… Les amis du Docteur vivent des expériences incroyables avec lui et se succèdent les uns aux autres.
Oh, et une dernière chose, qui a tout de même son importance : le Docteur est immortel. Pour les seigneurs du temps, « la mort est comme une mauvaise grippe » : ils se régénèrent. C’est à dire que lorsque le Docteur reçoit un coup fatal, il change totalement d’apparence, et un peu de personnalité, aussi. Depuis 1963, il y a eu 12 Docteurs, incarnés par 12 acteurs différents, tous aussi sensationnels les uns que les autres.
Doctor Who, de 1963 à aujourd’hui, de William Hartnell à Peter Capaldi
Saison 1 : des débuts médiocres
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La série avait pourtant mal commencé. Avec William Hartnell (1963-1966) dans le rôle d’un premier Docteur hautain et acariâtre, la série a, de plus, peu de moyens financiers. Il faut donc gérer le lancement de la série avec un budget très serré et des effets spéciaux peu crédibles au vu des moyens de l’époque. La série classique est donc peuplée d’effets spéciaux bricolés, de décors chancelants et de monstres en caoutchouc…
Malgré tout, cette première saison est tout de même marquée par l’arrivée des Daleks, les éternels ennemis du Docteur.
Le 2ème Docteur : le début du succès.
Patrick Troughton contraste avec son prédécesseur. Empruntant une personnalité jovial, drôle et hyperactive, il crée les traits principaux du personnage. En effet, dans ses mimiques et son énergie, on reconnaît déjà le Docteur d’aujourd’hui.
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Le 3ème Docteur : la série se modernise
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Jon Pertwee, le troisième Docteur, arrive à un moment clé de la série. Doctor Who passe à la couleur, augmente son budget, et tente de s’écarter des vieilles habitudes pour proposer une série moderne.
S’ensuit encore cinq Docteurs différents : Tom Baker, celui qui fera le plus de saison (7 !), Peter Davison, Colin Baker, Sylvester McCoy et Paul McGann … chacun apportant leur plus à la série. Mais dans les années 1980’, la série s’essouffle, suite à des erreurs de choix concernant la personnalité du Docteur, qu’on avait fait exécrable. Mais si le Docteur suivant (P. McGann) tente de remonter la pente, la série finit par s’arrêter définitivement en 1996.
Enfin… presque.
En 2005, Russell T. Davies prend le risque de croire au retour du Docteur, et remet la série sur pied. C’est un succès fracassant ! Des scénarios intelligents, une amélioration des effets spéciaux très notable, des dialogues vifs et drôles… et des acteurs talentueux et charismatiques, qui rendent chacun le personnage à chaque fois un peu plus vivant, un peu plus humain. Il n’en fallait pas plus pour faire revivre la série culte. Les acteurs Christopher Eccleston, David Tennant, Matt Smith et Peter Capaldi se sont succédés dans le rôle du Docteur, chacun nuançant un peu plus le personnage, montrant à chaque fois son génie et ses faiblesses… le rendant d’autant plus attachant.
La série est un élément capital de l’histoire culturelle britannique, et s’est même exportée à l’étranger. En France, son nombre de fans ne cesse de grandir.
Le secret de longévité de Doctor Who ?
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Comment une série peut-elle durer plus de 50 ans ? Matthew Hills, professeur en études cinématographiques et télévisuelles à l’Université d’Aberystwyth (Pays de Galles) et auteur de « Triumph of a time lord : regenerating Doctor Who in the 21st century », répond très pertinament à un entretien de Pierre Langlais (Télérama, 23/11/2013).
Ce qui fait l’originalité du Docteur :
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« C’est un personnage excentrique, cultivé, plein d’esprit, autant de qualificatifs certes caricaturaux, mais généralement attribués aux Britanniques. Un héros américain serait plus viril, plus justicier, plus violent. Le Docteur vit dans le monde de l’esprit, c’est une sorte d’intellectuel, qui est, il faut le noter, rarement sexualisé. C’est donc un héros inhabituel, décalé, et certainement british. »
Doctor Who, une série qui évolue avec son temps.
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Et concernant la longue vie de la série, M. Hills évoque la capacité d’adaptation dont celle-ci a fait preuve jusqu’ici. En effet, la preuve en est que, dans la saison 10, la compagne de voyage du Docteur sera une jeune femme, ouvertement homosexuelle.
"So… all of time and space, everything that ever happened or ever will...
where do you want to start ? "
Your Name :
"Quel est ton nom ?"
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Février 2017 - Thomas B
Que feriez-vous si un jour vous vous réveilliez dans le corps d’un(e) parfait(e) inconnu(e) ?
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C’est le postulat de base que souhaite développer Makoto Shinkai dans son tout dernier long-métrage d’animation : Your Name. Véritable succès critique et commercial à travers le monde, Your Name (Kimi no Na Wa dans sa langue d’origine) est devenu le second film Japonais de l’histoire ayant connu le plus grand succès, juste après Le Voyage de Chihiro !
Aurions-nous découvert le nouveau Hayao Miyazaki en la personne de Makoto Shinkai ?
Parlons un peu de l’histoire en elle-même. Celle-ci nous conte les aventures de Mitsuha qui souhaite quitter sa campagne natale pour découvrir la ville et Taki, lycéen vivant à Tokyo. Même si rien ne semble lier ces deux personnages, ceux-ci vont pourtant être en proie à une expérience plus qu’étrange : certains jours de la semaine, l’un se réveille dans le corps de l’autre mais n’en a aucun souvenir le lendemain et vice-versa !
Ce scénario qui semble pourtant classique de base, sera le point de départ d’une aventure touchante et véritablement émouvante. Celui-ci donne même lieu à un retournement de situation totalement inattendu laissant le spectateur bouche bée. Le réalisateur réalise, ainsi, un tour de force majeur en redonnant au film un second souffle bienvenu là où les autres poncifs japonais du même genre ont la fâcheuse tendance à devenir creux.
Cependant, le scénario n’est pas la seule force de ce chef-d’œuvre nippon. Chacun des plans, que ce soit pour les paysages urbains ou ruraux ou alors tout simplement ceux représentant les personnages, est beau à s’en décoller la rétine. Mention spéciale aux effets de lumière particulièrement réussis. Parfois nous avons l’impression d’être en face d’une peinture vivante, les couleurs glissant poétiquement sur la toile afin de nous raconter une histoire, son histoire, troublante certes mais tellement attachante. Et que seraient de belles images sans une musique adéquate ? Ici encore, c’est un sans-faute pour le réalisateur. Toutes les séquences sont accompagnées de pistes collant parfaitement à la situation et amplifient d’avantage les émotions ressenties par le spectateur : joie, tristesse, colère, frustration, espoir. C’est incroyable de se rendre compte à quel point on ne regarde pas simplement Your Name : on le vit.
En conclusion, Your Name est une véritable ode à la jeunesse, à la découverte et au dépassement de soi-même. Faisant voguer le spectateur entre différentes émotions tout en délivrant un message poignant, Makoto Shinkai nous a démontré que oui, si on cherche un remplaçant à Miyazaki, il en est le parfait candidat.
ARTICLE 5
ARTICLE 4
Inception :
"Votre toupie tourne - t - elle ?"
Février 2017 - Charlotte G
« Les rêves font vrai tant qu’on est dedans. Ce n’est qu’au réveil qu’on remarque ce qu’ils avaient d’étrange ».
Inception, film de Christopher Nolan sorti en 2010, fait toujours sensation sept an plus tard. Il est aujourd’hui considéré comme un film culte.
Qu’est ce qui fait qu’Inception est un si bon film ?
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Attention, spoilers.
Premièrement, le film s’est offert un casting de luxe : Leonardo DiCaprio dans le rôle principal (Cobb), accompagné de l’actrice Marion Cotillard jouant sa femme (Mal), Joseph Gordon-Levitt (Arthur), Ellen Page (Ariane) …
Mais le plus marquant reste le scénario, animé par une idée de génie qui nous retourne le cerveau : les rêves emboîtés dans des rêves. Le concept est d’autant plus crédible que Christopher Nolan l’a imaginé de manière extrêmement précise, inventant des règles pour chaque niveau de réalité (ou de non-réalité, si vous préférez). Le chef d’œuvre cinématographique est ponctué de nombreuses scènes d’action et de rebondissements imprévisibles ; on ne s’ennuie jamais en visionnant Inception. Enfin, le réalisateur n’a pas oublié l’importance de la fibre sentimentale dans un film, et nous a concocté une histoire d’amour mélodramatique pour Cobb et sa défunte épouse, qui empêche notre héros de revoir ses deux enfants.
Mais ce qui fait d’Inception un film exceptionnel, c’est surtout sa fin. A son retour des limbes, Cobb rentre enfin chez lui, aux Etats-Unis. Par réflexe, il fait à nouveau tourner sa toupie, son « totem » qui lui permet de ne pas se perdre entre rêve et réalité : si la toupie tourne infiniment, il ne peut qu'être en train de rêver. Hors ici, Cobb n’attend même pas le dénouement : son seul désir prenant enfin forme, il accourt vers ses enfants. C’est la caméra, l’œil du spectateur, qui reste fixé sur cette toupie, qui tourne, tourne, tourne… vacille.
Mais l’écran noir s’abat, à notre plus grand désarroi, sur la réponse à la question que nous nous posons tous : la toupie s’arrêtera-t-elle un jour de tourner ? Le cinéaste s’est finalement exprimé sur le sujet, cinq ans après sa sortie. Selon lui, la signification de cette mystérieuse fin réside dans le fait que Cobb ne se préoccupe même plus de la toupie, parce qu'il a choisi sa réalité. Il a décidé que, cette dimension-là, quelle qu’elle soit, sera sa réalité.
Peut-être que le réalisateur n’a pas pu, ou pas voulu, choisir entre les deux options qui se présentaient à lui. Il laisse donc une fin ouverte, nous permettant à nous, spectateurs, d’imaginer le futur de Cobb.
« Peut-être que tous les niveaux de réalité sont valables » a affirmé Christopher Nolan. Si vous vous endormez, et rêvez la vie idéale pendant des années… cela compte-t-il si vous n’avez aucune idée que cela est un rêve ?
ARTICLE 3
«â€¯Ils m’envoient en prison pour avoir commis le crime de ne pas porter d’arme »
"Mel Gibson". Pour certains, le simple fait d’évoquer ce nom remue d’innombrables souvenirs, la plupart en lien avec d’incroyables scènes d’actions scotchant littéralement au fauteuil. Ce réalisateur dont le talent ne fait aujourd’hui plus aucun doute est revenu après plusieurs années d’inactivité pour signer son nouveau chef-d’œuvre «â€¯Tu ne tueras point ». Le réalisateur reste bien évidemment fidèle à lui-même et joue dans un registre peu différent de ce qu’il fait habituellement : les films de guerre.
Mel Gibson :
"Tu ne tueras point"
Janvier 2017 - Thomas B
Alors, que nous cache ce titre un peu mystérieux, faisant directement référence à l’un des dix commandements de la Bible ? Eh bien, il s’agit ici de la biographie du soldat Desmond Doss, incarné par Andrew Garfield (The Amazing Spiderman), jeune américain qui, comme tous ceux de son époque, souhaite intégrer l’armée. Sauf qu’il y a un problème, et pas des moindres : en effet, Desmond Doss ne veut pas tuer d’ennemis sur le front à cause de sa religion, son vœu est simplement d’être infirmier et de sauver des vies. Partant de ce postulat pour le moins assez surprenant et encore jamais vu auparavant, le film nous mènera aux côtés de Doss sur un champ de bataille sanglant où chaque seconde peut inévitablement conduire à une mort épouvantable. Et malgré tout ce que celui-ci endurera et toutes les pertes qu’il vivra, notre jeune soldat ne perdra jamais la foi et continuera à se démener pour sauver tous ses camarades, au péril de sa propre vie.
Tu ne tueras point est séparé en deux parties bien distinctes. Si la première partie fait plutôt office d’introduction et est relativement calme, la deuxième partie, bien plus sombre, nous rappelle que Mel Gibson est à la réalisation et qu’il ne fait jamais dans la dentelle. Âmes sensibles s’abstenir, le film est sanglant.
Commençons donc par le commencement, Desmond Doss est un jeune homme vivant dans une ferme et élevé par un père alcoolique et violent, dont les cicatrices causées par le 1ère Guerre Mondiale sont restées ouvertes. Suite au départ de son frère à la guerre, Desmond décidera lui aussi d’aider son pays sur le front mais en tant qu’auxiliaire sanitaire.
Une fois engagé, il révèlera à ses supérieurs durant le camp d’entraînement militaire son refus catégorique de porter une arme. S’en suivra alors une longue descente aux enfers pour notre héros qui recevra diverses persécutions de la part de ses camarades soldats mais aussi de ses supérieurs, qui iront même jusqu’à l’envoyer au tribunal pour un emprisonnement définitif. Cependant, Desmond Doss continuera à se battre pour ses convictions et pour ce qu’il croit être bon sans jamais perdre espoir. Cette partie se révèle assez difficile émotionnellement à suivre par rapport à tout ce que le héros subira, entre les humiliations et les punitions immorales de la part de son entourage. De plus, le personnage d’Andrew Garfield sublime le personnage en lui apportant une touche d’innocence et de pureté qui ira interpeller directement le spectateur et forgera inévitablement l’attachement.
Dans la suite du film, Desmond obtiendra finalement gain de cause après avoir sué sang et eau et se retrouvera projeté sur le champ de bataille d’Okinawa, en plein milieu de la guerre du Pacifique. Et là, le film change totalement de registre. Les images que nous montrent Gibson sont brutales, choquantes, barbares. Aucun mot n’est assez puissant pour décrire ce que le spectateur ressent en visionnant cette partie du film. Hacksaw Ridge (la falaise du hachoir), nom donné à ce champ de bataille est le théâtre d’un véritable opéra sanglant où les balles fusent dans tous les sens, les explosions pleuvent et ne laissent aux soldats tout comme aux spectateurs aucun répit. Ici la guerre est brutale, loin de tout ce qu’on pourrait imaginer et on se rend compte que le quotidien au front est loin d’être de tout repos. Cependant, Desmond Doss nous prouvera ici encore qu’il est courageux et déterminé à sauver ceux à qui il tient, peu importe s’il se met lui-même en danger. Cette scène, incroyablement poignante et encore plus éprouvante à suivre que la première partie, est en plus accompagnée de musiques d’orchestre donnant au tout un souffle épique et diablement émouvant. Les larmes viennent aux yeux d’elles-mêmes, vous êtes prévenus.
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En conclusion, Mel Gibson signe ici son retour sur grand écran avec un chef-d’œuvre difficilement oubliable. Des images à couper le souffle, un héros terriblement attachant et courageux. Après avoir vu ce film vous pouvez en être certains : Desmond Doss marquera à jamais votre esprit.
ARTICLE 2
« C’était mon dernier vol avant ma retraite.
Le pic de créativité ne dure jamais plus de 10 ans, pour les ingénieurs comme pour les artistes »
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S’exclame Caproni, ingénieur italien présent dans les rêves de Jiro. C’est un message implicite tout de même très notable, que Miyazaki place savamment pour expliquer son départ à la retraite. Ses plus grands succès s’étalant de 1984 aux années 2000, nous avons toutes les raisons de croire que cette maxime nous vient tout droit du réalisateur qui, avec cette dernière œuvre, clôt sa carrière et cède la place.
C’est sans doute pourquoi « Le Vent se lève » est une œuvre si unique dans la filmographie de Miyazaki.
C’est en effet son premier film apparaissant clairement « adulte ». Contrairement à la majorité de ses réalisations, la place laissée à l’enfance dans ce film est dérisoire. En une analepse, Miyazaki nous projette dans la vie active de Jiro. Le thème des deux heures de films est également très scientifique : tout du long, on y voit Jiro dessiner des avions, et parler avec un vocabulaire technique spécifique à l’aviation. Même les rêves de ce dernier, seuls moments où pointe la patte fantastique du réalisateur, sont d’inspiration freudienne. Ils servent à exprimer les inquiétudes et les pensées profondes du personnage, dont le subconscient cherche des réponses et du réconfort auprès de son modèle, Mr Caproni (qui a également existé). Ceci est probablement la plus grande différence entre « Le Vent se lève » et les dessin-animés précédents, où le rêve et la réalité n’ont pas de frontière.
Ce dernier chef d’œuvre est aussi un des films les plus personnels de Miyazaki. On y retrouve la maladie de sa mère, la tuberculose - évoquée également dans « Mon Voisin Totoro » - ainsi que sa passion pour les avions, qui lui vient directement de l’histoire familiale. En effet, l’entreprise de son père, Miyazaki Airplane, a fourni des gouvernails pour la construction de l’avion Zéro, dont il est question dans le film. « Le Vent se lève » témoigne aussi d’un certain engagement du réalisateur : Miyazaki a souhaité rendre à Jiro Horikoshi l’image d’un rêveur passionné, en contradiction avec le statut de symbole patriotique que lui donne le Japon de nos jours.
Je pense que Miyazaki a ici le mérite de ne pas avoir créé un personnage idéal. Le réalisateur japonais nous a décrit un homme imparfait, mais surtout pleinement humain. Jiro est maladroit et un peu froid, avare de parole. Tout le long du film, il parle peu ; et lorsqu’il s’exprime, c’est avec un calme olympien. De prime abord, il peut avoir l’air de quelqu’un d’insensible, faisant de son travail une priorité devant sa femme malade. Jiro Horikoshi fait aussi partie de ces personnes qui n’aiment pas la guerre, mais qui pourtant en tire profit : il contribua fortement à la seconde guerre mondiale en concevant des bombardiers. Mais Miyazaki nous montre avant tout un homme passionné, dont le seul désir est de donner vie à ses rêves et de créer « de beaux avions ». Un homme amoureux aussi, car nous suivons son histoire d’amour avec Naoko du début à la fin. Alors est-il hypocrite ou naïf ? Coupable ou innocent ? C’est avec toutes les fines nuances qui constituent un être humain que Miyazaki a recrée Jiro.
« Le Vent se lève » c’est aussi l’apologie d’un thème récurrent qui aura suivi Miyazaki toute sa carrière : le vent, tout simplement. Omniprésent dans ce film bien sûr, dû au thème de l’aviation, il est évoqué plusieurs fois explicitement. C’est le vent qui unit les deux amoureux en faisant envoler le chapeau de Jiro, et qui les réuni des années plus tard en soufflant sur le parasol de Nahoko ; Nahoko qui est d’ailleurs décrite comme douce et « belle comme le vent ». Dans les autres œuvres de Miyazaki, nous retrouvons ce thème dès le titre de « Nausicää de la vallée du vent » ; mais également dans « Le Château dans le ciel », l’histoire de la redécouverte d’un château volant ; et enfin dans « Mon Voisin Totoro », dont le soundtrack se nomme d’ailleurs « Path of the Wind » (Joe Hisaishi, compositeur de génie, soit dit en passant). « Le Vent se lève » est donc le film révélant le plus explicitement cette passion pour le vent. Il est par ailleurs intéressant de se pencher sur le choix du titre, qui est en effet le fruit d’une longue réflexion. Il fait référence à plusieurs écrits qui tiennent au cœur du réalisateur. Il nous vient du roman éponyme de Tastsuo Hori (1936-1937) dont Miyazaki s’est grandement inspiré pour ses personnages. Mais c’est aussi un vers tiré du « Cimetière Marin », poème de l’auteur français, Paul Valery : « Le Vent se lève, il faut tenter de vivre ». Citation reprise en français dans le film par les deux personnages principaux.
Tous ceux qui se sont intéressés à l’animation japonaise, de près ou de loin, le connaissent. Hayao Miyazaki est le créateur reconnu et récompensé d’une vingtaine de dessin-animés, aux univers bien définis et particuliers. De sa première création, « Nausicää de la vallée du vent », aux plus récentes comme « Ponyo sur la falaise », en passant par le très connu « Voyage de Chihiro » ou encore la mascotte du studio Ghibli, Totoro… Miyazaki nous propose une promenade dans un monde imaginaire un peu dérangé mais tellement attachant !
C’est donc un risque énorme que l’animateur japonais prend en sortant en 2013, son film « Le Vent se lève » : Une animation basée sur la biographie de Jiro Horikoshi, un ingénieur japonais de génie qui a révolutionné l’aviation pendant la Seconde Guerre Mondiale. Avec un réalisme qu’on ne lui connaissait pas, Miyazaki dépeint avec une lenteur et une douceur inattendue, quarante années de la vie du personnage.
Hayao Miyazaki :
"Le vent se lève, il faut tenter de vivre"
Janvier 2017 - Charlotte G
La boucle est bouclée
Mais, « Le Vent se lève », c’est aussi la dernière phrase du tout premier manga du réalisateur, « Nausicää de la Vallée du Vent ». Nous noterons aussi que la construction du fond musical du dernier film de Miyazaki est basée sur le même rythme que « Le Château dans le Ciel », le premier film distribué par le Studio Ghibli. La fin de la carrière de Miyazaki évoque subtilement ces débuts, laissant transparaître sa nostalgie.
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Miyazaki termine donc sa carrière en beauté, nous faisant cadeau d’un tas de symboles et de métaphores, dont il a le secret.
Et nous, nous vous quittons avec un conseil de notre réalisateur japonais préféré :
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« Vivez pleinement vos 10 meilleures années,
C’est tout ce que je vous souhaite ! »
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ARTICLE 1
L'histoire du cinéma :
Entre inventeurs et inventions techniques
Avril 2017 - Solenne J
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Près de 40 millions de personnes se pressent chaque année au cinéma. Un amour pour le grand écran dont émane critiques et réflexions et qui fascine, toujours aujourd’hui, par l’histoire de son invention. Car non, l’invention du cinéma n’est pas l’aboutissement du travail d’un homme mais est bien le produit de rencontres d’inventeurs et d’industriels, d’innovations techniques et d’une appétence pour l’art, avec un grand A.
Revenons sur quelques grandes étapes qui ont participé au développement du 7ème art.
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La naissance de l’image en mouvement :
L’histoire du cinéma commence au début du 18ème par une série de recherches et d’innovations techniques que l’on appelle, aujourd’hui, le pré-cinéma. De cette période, plusieurs inventions, comme le théâtre optique de Emilie Reynaud qui permet la projection sur un écran d’une animation ou les travaux de décomposition du mouvement d’Eadweard Muybridge, attireront l’attention. Cependant, c’est l’invention de Thomas Edison, l’inventeur aux 1093 brevets, qui marquera les esprits : le kinétoscope. Grâce à son appareil, il devient en effet, possible de visionner individuellement des films de quelques secondes (capturés par le kinétographe). Le kinétoscope devient un succès commercial aux Etats-Unis puis en Europe et des salles remplies de l’appareil se multiplient, au bonheur du public qui obtient, pour la première fois, grâce à une succession d’images, l’illusion du mouvement.
La révolution des frères Lumière :
Le développement du cinéma s’accélère à l’aube du 20ème, lorsque les frères Lumière, ingénieurs et inventeurs industriels, inspirés par le kinétoscope mettent au point le cinématographe, caméra et projecteur à la fois. Le 22 mars 1894, pour la première fois devant une assemblée, un film est projeté. Avec La sortie des ouvrières de l’usine, une leçon de voltige à cheval ou encore l’arroseur arrosé (ce dernier connaît même un tel succès qu’il devient une expression du langage courant), les entrées pour les projections des frères Lumière se multiplient et jusqu'à 2500 billets sont vendus par jour. L’histoire du cinéma ne fait que commencer !
L’apparition des trucages :
Très vite, d’autres innovateurs comme George Méliès, s’intéressent à l’appareil. Si ce prestidigitateur aussi directeur de théâtre n’obtient pas des Frères Lumière la vente du cinématographe, il s’obstine et acquière un appareil équivalent qui lui permet de projeter ses propres films. Innovateur oblige, il invente le cinéma de spectacle en proposant les premiers trucages de l’histoire du cinéma. Il remplace les scènes de la vie quotidienne par des fictions. Le film, Voyage dans la lune, sorti en 1902, est un symbole de son travail. Il impressionne, à l’époque, par sa durée exceptionnelle de 16 minutes.
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Salle remplies de kinétoscope
Sortie des ouvrières de l'usine des Frères Lumières
Extrait de Voyage dans le lune de George Méliès
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Et pour en venir au cinéma que l’on connaît aujourd’hui, il manque encore un siècle d’innovations ! L’arrivée du son, de la couleur, du numérique, la naissance de l’industrie de cinéma avec Léon Gaumont et Charles Pathé, le développement des genres et des formes, de grands artistes… participeront à faire du cinéma un œil ouvert sur le monde.
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A lire : La part des flammes de Gaëlle Nohant. Le cinématographe est à l'origine de l'incendie du Bazar de la Charité, incendie qui bousculera le destins de trois femmes du 19ème siècle.
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